Le retrait des sens: une voie vers l’intériorité

Depuis la pandémie, j’ai approfondi une pratique essentielle du yoga : pratyahara, que l’on traduit par « retrait des sens » ou « l’art de s’intérioriser en pleine conscience ». Cette période particulière, qui nous a contraints à nous retirer du monde extérieur, m’a révélé combien il peut être difficile, pour plusieurs, de rester simplement en relation avec soi-même. Nous semblons avoir perdu ce précieux équilibre : savoir habiter notre intériorité tout en demeurant présents au monde.

Aujourd’hui nous vivons dans un monde saturé de stimuli : écrans, notifications, images, sons, interactions incessantes. Dès le réveil, nos sens s’élancent vers l’extérieur, happés par un flot continu d’informations et de possibilités. Ce mouvement constant peut nous constamment nous étourdir. À force de chercher hors de nous ce qui pourrait nous satisfaire et nous combler, nous perdons de vue l’essentiel : notre autre nature qu’on nomme souvent par « vraie nature », celle qui est silencieuse, stable, complète, non déterminée par notre conditionnement.

Retrouver le siège de la conscience

Le yoga nous rappelle pourtant une vérité simple: notre bonheur ne se trouve pas à l’extérieur, mais au cœur de notre conscience. C’est là que réside notre essence. Parmi les huit membres du yoga, pratyahara, le retrait des sens, nous invite à ce retour vers l’intérieur.

Lorsque nous cessons un moment de nous tourner vers l’extérieur en nous intériorisant consciemment, le mental retrouve son calme naturel. Comme l’exprime Marshall Govindan: « Quand nous ferons l’expérience de la lumière et de la paix en nous, elles nous dicteront l’action juste à tous les niveaux de notre être. »

Pratyahara devient alors une porte d’accès vers le témoin intérieur, cette présence silencieuse en nous, qui observe sans jugement, au-delà des fluctuations de l’esprit.

La difficulté naturelle à s’intérioriser

Il est normal de ressentir de fortes résistances pour cette pratique qu’est le retrait des sens. Notre système nerveux est conçu pour chercher le mouvement, la nouveauté, l’interaction avec le monde extérieur afin de combler trois besoins fondamentaux : sécurité, satisfaction, connexion. En retraite, en début de séjour, je constate souvent combien les personnes, même les plus expérimentées, éprouvent le désir de bouger, de s’exprimer, d’ouvrir les yeux pendant la pratique.

Le but n’est pas de forcer le calme ni de lutter contre ce mouvement naturel, mais simplement d’apprendre à demeurer dans une présence sans effort, ouverte à ce qui est à l’intérieur de nous.

Pratyahara : un soin pour les sens

Pratyahara n’est pas une contrainte, mais une sagesse, un soin. Nos sens eux-mêmes ont besoin de repos conscient. Les yeux, constamment sollicités par les écrans, y trouvent une détente précieuse. En apaisant les organes sensoriels, nous favorisons une régénération qui touche le système nerveux, le mental, et jusque dans les profondeurs du corps subtil.

Lorsque les sens se déposent, notre conscience se clarifie, et l’ancrage intérieur devient plus solide, paisible et lumineux.

Les bienfaits du retrait des sens

À l’image des postures qui libèrent le corps et de la respiration qui équilibre l’énergie vitale, pratyahara agit sur les dimensions intérieures les plus subtiles. Ses bienfaits sont multiples :

  • Réduction du stress et de l’anxiété
  • Amélioration du sommeil
  • Renforcement du système immunitaire et équilibre du système nerveux
  • Meilleure régulation émotionnelle
  • Amélioration de la concentration
  • Développement de la conscience de soi, du témoin intérieur et de l’équanimité

Une invitation au retour vers l’essentiel

S’intérioriser ne signifie pas fuir la réalité, mais au contraire l’habiter avec plus de justesse. Lorsque les sens se reposent, ils retrouvent ensuite une acuité nouvelle, une capacité à goûter la vie avec fraîcheur et présence.

Retraite au Monastère des Augustines

C’est cette expérience que je vous propose d’explorer lors de la retraite d’octobre 2025, au Monastère des Augustines. Dans le calme enveloppant de ce lieu chargé de silence et de soins, nous pratiquerons ensemble postures, respirations et le retrait des sens, comme autant de portes vers l’intériorité, nécessaire aux différentes approches méditatives (pleine conscience, concentration et visualisation), dans lesquelles nous nous reposerons en conscience. Sachez-en plus sur cette retraite.

Lyne St-Roch