
Le yoga est l’art d’être à l’écoute, écoute de soi (environnement intérieur), mais aussi des autres et de l’environnement extérieur. Le changement de saison nous amène naturellement à adapter notre pratique, afin de conserver un maximum d’équilibre et de vitalité.
Au gré des saisons
Au printemps et en été, spontanément, instinctivement, nous sommes plus actifs, au diapason de la nature qui revient à la vie, puis se transforme et devient de plus en plus flamboyante. Nous avons plus d’énergie que le reste de l’année. Une multitude de stimuli nous gardent toujours en mouvement : projets de vacances, sorties, activités diverses, etc.
Puis vient l’automne, la nature s’endort. Et nous, Nord-Américains, que faisons-nous ? Nous continuons à vivre au même rythme effréné, et même plus rapide encore ! C’est la rentrée scolaire des enfants, le retour au travail des adultes, et recommencent la préparation des lunchs, l’aide aux devoirs et les heures supplémentaires au boulot.
Nous sommes appelés à déployer une quantité incroyable d’énergie. Lorsque nous en manquons, nous utilisons des stimulants pour nous réveiller : café, boissons énergisantes et autres. Depuis plusieurs décennies déjà, notre mode de vie va à l’encontre du rythme de la nature. Ce faisant, nous hypothéquons nos systèmes nerveux et immunitaires.
En accord avec la nature…Simplement !
Logiquement, nous devrions nous accorder au rythme de la nature et des saisons. Travailler davantage l’été, lorsque nous avons plus de vitalité, puis ralentir l’automne venu, et faire des provisions d’énergie pour l’hiver. C’est ce que conseillent les grandes médecines traditionnelles chinoise, ayurvédique et autres. C’est aussi ce que faisaient nos ancêtres, il y a tout juste quelques générations. De nos jours, il est mal vu de ralentir alors que c’est ce que nous aurions à faire pour nous épanouir.
Chercher l’équilibre
Les saisons nous relient à la nature et nous font expérimenter sa diversité. Parallèlement, les pratiques yogiques nous conduisent à expérimenter notre nature intérieure, la nature profonde, en nous-même. L’équilibre entre l’une et l’autre mène à l’harmonie et au calme intérieur. Avec une pratique régulière, le yoga nous amène à prendre conscience que l’essence de notre nature intérieure est intimement liée à la l’essence de la nature extérieure, qu’elles sont portées par la même énergie, celle de la vie.
Yoga automnal : mode d’emploi
L’automne est une saison propice à diminuer l’agitation mentale et du système nerveux, qui suscite aussi l’intériorisation. Notre pratique de yoga devrait alors nous aider à développer un sentiment de calme et de paix, et ainsi diminuer le stress accumulé dans le système nerveux. Voici 4 astuces à retenir pour adapter votre pratique :
- Lenteur, douceur et souffle
Pratiquez avec lenteur et maintenez les postures plus longtemps. Pour diminuer l’agitation, l’éparpillement et la fatigue, il faut choisir des postures douces, puis ralentir et approfondir la respiration. Cela permet, sans s’épuiser, de réchauffer le corps, d’assouplir les articulations et d’améliorer la circulation sanguine.
- Présence au corps
Insistez sur les postures qui visent la région du côlon, du bas du dos et du bassin, afin de libérer les tensions des hanches. Évitez l’enraidissement de la colonne vertébrale en la mobilisant dans toutes les directions. Recherchez la fluidité dans vos mouvements et votre respiration.
- Sans performance
À l’automne comme le reste de l’année, laissez de côté tout désir de performance ou de perfection dans vos postures. Le yoga qui apaise l’agitation mentale et le stress est purement intérieur, celui de la pleine conscience.
- Pleine conscience et bienveillance
Dans la pratique, cultivez la présence, le témoin intérieur, en développant de plus en plus l’observation du mouvement interne du souffle. La bienveillance envers vous-même va aider à libérer le passage du souffle dans chaque posture et la respiration se fera ainsi de façon plus rythmique et subtile.
Quelles postures privilégier ?
Lors de la séance de yoga automnale, on mettra l’accent sur les postures debout, les flexions avant, les extensions, les torsions vertébrales et sur la relaxation :
- Les postures debout produisent de la chaleur et sont très enracinantes. L’ancrage se fait à partir des pieds et par le positionnement des jambes, en amenant la conscience dans ces parties de notre corps. Le juste positionnement nous permettra de dépenser un minimum d’énergie. Le système nerveux sera ainsi invité à se détendre, en amenant l’attention dans les os des jambes et le bas du corps.
Exemples : Virabhadrasana I, II et III (les guerriers I, II et III), Utkatasana (la chaise).
- Les flexions avant calment l’agitation, amènent la sérénité et un apaisement instantané.
Exemples : Uttanasana (la pince) et Janu Sirsasana (la demi-pince assise).
- Les extensions face au sol (flexions arrière), effectuées avec douceur et lenteur, combinées aux flexions avant, stimulent le côlon, favorisent l’élimination, entraînent une meilleure circulation de l’énergie et réchauffent.
Exemples : Bhujangasana (le cobra) et Salabhasana (la sauterelle).
- Les torsions vertébrales aident à libérer le système nerveux. Elles nécessitent toutefois une respiration fluide et profonde, car la respiration superficielle accroît l’agitation mentale.
Exemples : Ardha Matsyendrasana (la demi-posture du sage) et Jathara Parivartanasana (rotation allongée sur le dos, jambes pliées).
- Il est important de terminer votre pratique avec une longue séance de relaxation, afin de bien régénérer le corps. Couvrez-vous pour conserver votre chaleur et utilisez un petit coussin à déposer sur vos yeux s’ils sont tendus ou fatigués. Prenez le temps de détendre votre corps physique, mais aussi vos corps mental et énergétique, grâce à une technique de relaxation profonde comme le yoga Nidra, ou yoga du sommeil. Cliquez ici pour accéder à une séance de yoga Nidra que j’ai enregistrée et que vous trouverez sur mon site Internet, sous l’onglet « capsules », au bas de la page.
Exemples : Savasana (posture du cadavre) et Balasana (posture de l’enfant).
Vous trouverez une description complète de ces postures et de leurs bienfaits, ainsi que de belles suggestions de pratiques courtes et enracinantes dans mon livre, « La voie du cœur : Yoga pour une santé globale ».
Quand pratiquer ?
Favorisez une pratique tôt le matin, dès le lever. Elle vous permettra d’installer un certain calme en vous et aura un effet bénéfique sur l’ensemble de votre journée. Si votre horaire vous le permet, une courte pratique avant le souper vous donnera l’occasion de faire une pause dans votre journée et de vous recharger, afin de passer une soirée et une nuitée en toute sérénité.
Quelques astuces supplémentaires…
- Se coucher tôt
Cet automne, privilégiez un coucher plus tôt, idéalement avant 22h, pour profiter de la phase du sommeil la plus régénératrice.
- Prendre soin de soi
Prenez le temps de vous ressourcer en ayant des pratiques yogiques plus méditatives et en étant à l’écoute des signaux que votre corps vous envoie. Réservez du temps au quotidien pour prendre soin de vous.
- Chaleur et onctuosité
Vous remarquerez qu’à l’automne, autant dans notre alimentation que dans notre façon de nous vêtir, le corps a besoin de chaleur. Optez pour une nourriture plus onctueuse et réconfortante comme de bonnes soupes et de bons mijotés. N’hésitez pas à vous vêtir avec des fibres naturelles et douces. Un bon châle sur les épaules lors de la méditation peut nous aider, par exemple, à mieux nous intérioriser.
Il est « payant » de ralentir le rythme à l’automne pour, une fois l’hiver venu, échapper aux habituels « petits rhumes » et sentir ainsi plus de vitalité. Vous serez agréablement surpris de constater à quel point votre énergie se maintiendra davantage et ce, jusqu’au cœur de l’hiver.
Je vous souhaite une saison automnale toute en douceur.
Lyne